Michael Gira vient de montrer ses fesses au public, il se dresse maintenant sur la scène et regarde fixement la foule avec des yeux pleins de colère. C’est lui le maître de cérémonie, celui dirige le groupe, qui indique à chacun quand il doit jouer sa partie. Il frappe violement de sa guitare, une Gibson ES-335, on y entend des accords que l’on pourrait qualifier de marteau-pilon. Michael Gira semble travailler une étrange matière faite de boue et de métal. Une indication, le bassiste et la batterie doivent suivre cette cadence agressive avec beaucoup sérieux, jusqu’à ce que le public ressente comme un sentiment d’étouffement …
Cela faisait déjà un certain moment qu’il avançait nu dans la forêt. Le vent s’engouffrait entre les branches et lui martyrisait chacune de ses articulations. Le froid lui piquait chaque endroit de sa peau, comme si on lui avait planrté une centaine d’épingles sur le corps. Mais cela n’était rien en comparaison avec la migraine qui lui assaillait continuellement le cerveau. Dans la petite maison, il y a le réconfort, elle est là pour l’accueillir, auprès du feu. Elle lui donnera une couverture pour se réchauffer et s’occupera de lui c’est sûr. Un peu comme Jarboe, enfin de retour du côté de chez Swans, ou Karen O quand elle chante sur Song For A Warrior qui ouvre le deuxième CD de « The Seer ».
( ♫) Swans – Song For A Warrior
Il faudra utiliser tous les superlatifs possibles pour écrire un papier sur Michael Gira et son groupe, Swans : rédemption, violence, épuisement, sexe, textures sonores, terre rouge, glaise, noirceur, folk, sombre, hardcore, no-wave, j’en passe et des meilleures. Tout cela n’est qu’esprit de sérieux et devient très vite ennuyeux à lire. Moi-même j’ai bien eu du mal à y résister, en écrivant ses quelques mots j’ai eu envie de placer deux ou trois métaphores pour me la donner un peu et il serait presque normal que vous ayez envie de partir avant de lire la fin de tout ceci. Soudain, je me rends compte que cette question tourne en boucle dans mon esprit, comme une équation irrésolvable : Peut-on écrire sur Michael Gira avec un peu d’humour et de distance alors qu’il vient de sortir un album plein sériosité ?…
Je me souviens de ce moment assez touchant, où j’ai pu croiser Michael Gira. C’était l’année dernière, j’étais allé voir Swans en concert. J’avais acheté mon traditionnel t-shirt du groupe (ce soir là, c’était celui avec la bouche énervée de « Filth ».) Je commandais une bière au bar, puis une forme imposante s’est placée à côté de moi. C’était Michael Gira qui a commandé lui aussi une bière, le visage planqué derrière son chapeau de cowboy. Il avait l’air un peu réservé, presque timide, comme un vieux monsieur fatigué qui approche de la cinquantaine. Il est vite reparti backstage et quelques instants plus tard, il donnait tout sur scène avec des morceaux de bravoure qui durait bien une demi-heure. Une bonne nouvelle pour ceux qui regretteraient d’avoir louper ça, il y en a pleins comme ça sur son dernier album, « The Seer » …
( ♫) Swans – Lunacy
Par Mathieu
Bonjour Mathieu,
A la recherche de chroniques afin d’illustrer ma rubrique “l’album du jour” (sélection d’albums soumis aux votes / notes des participants) dédiée ce lundi à Swans, je suis tombé sur ton très beau texte. Je me suis permis de t’emprunter le lien pointant vers ton article.
Surtout, n’hésite pas à me signaler si tu souhaites que je le retire.
Bon après-midi !
Pas de soucis pour lien et merci de me le signaler !