Je ne me rappelle plus très bien où j’en suis resté dans la discographie de Ty Segall, peut être« Sleeper », son album acoustique, ou bien son virage glam avec « Manipulator ». Je ne sais plus. Je finis par me perdre dans cette discographie devenue gigantesque avec le temps. Il en va de même des concerts – déjà quatre au compteur en ce qui me concerne – enchainés au fil des années. Bien sûr je n’ai plus l’âge de faire du stage-diving, je préfère rester dans un coin à regarder la scène d’un regard lointain, l’énergie et l’électricité demeurent l’un des bruits les plus beaux à écouter pendant ces soirs-là. Ty Segall donc, le voilà qui sort un album à son nom (ou sans nom). Sur la pochette en noir et blanc on entraperçoit légèrement son visage, caché sous ses cheveux mi-long, la photo est un peu floue, une impression de fatigue générale se dégage de tout ça. Evidemment, c’est probablement moi qui est fatigué, la musique de Ty Segall demeure cet ensemble de hurlements et de riff distordues lancés à toute berzingue sur une rythmique toujours au bord de la rupture.
Au milieu de Break a Guitar on peut entendre cette phrase : « come on take my guitar / I be at the bar ». Pour la première fois Ty Segall me donne l’impression de vouloir faire un pas de côté. Mais ça ne dure qu’un infime moment, au milieu de ce titre inondé de riffs sabbathiens en diable. Plus loin il nous refait à la perfection son imitation de Marc Bolan mais c’est surtout les élans guitaristiques de Warms Hands (Freedom Returned) qui surprennent. Après une première partie en forme d’échauffement, le titre effectue au bout de trois minutes et quarante secondes un virage que l’on pourrait qualifier, faute de mieux, de grunge. Les « Shame ! » hurlés – meilleurs antidotes à notre époque – laissent progressivement la place à une composition légèrement prog, où Ty Segall se fait, une fois de plus, plaisir à la guitare. Que dire d’autre, si ce n’est que l’ensemble est enregistré par Steve Albini.
( ♫) Ty Segall – Warm Hands (Freedom Returned)
Mathieu