Lightning Bolt – Sonic Citadel

Il est 20h30, la salle de concert est vaguement enfumée. C’est un jeudi. Nous sommes en plein milieu du mois de Novembre. Au son du roulement de tambour, une dizaine de spectateurs se lancent dans une sorte de danse de Saint-Guy pour introverti. Des agressions distordues sont servies à la force du poignet. Le batteur porte un masque bizarre et hurle dans son micro. Le bassiste est taciturne. Il reste concentré sur la nappe de bruit immodérée qu’il est en train de jouer. Je reste à proximité du groupe et j’essaie de garder mon calme pour prendre une photo. C’est impossible. Je reçois un coup de coude. Je sens que l’on est en train d’annihiler mon genou. Je recule avant de finir dans un bain d’autodestruction. Le batteur a trop frappé et ses doigts sont ensanglantés.

J’ai toujours eu un certain attachement pour des groupes comme Lightning Bolt ou Pneu qui jouent au milieu de la foule. Pour le cas de Pneu, je me souviens les avoir vus en première partie de Deerhoof. En bons prêcheurs du bruit ils jouaient tous les deux avec un son énorme. L’ampli de la guitare était gigantesque. Le batteur martelait sur ces fûts comme un dératé. Certaines personnes placées à deux centimètre du duo étaient en train de devenir fou. Il y avait quelques choses de totalement imprévisibles qui l’emportaient sur tout le reste dans cette déflagration d’électricité qui est probablement l’une des plus belles choses à voir en concert. Dans le même genre, mais encore plus intense, les assauts distordus lancés par Lightning Bolt avec la ferveur du mitrailleur en première ligne sont une guérilla sonore concentrée sur tous les fronts que je me dois de voir un jour en concert.

Mais c’est probablement un promesse écrasante qui n’aura jamais lieu. Alors on se rattrape comme on peut avec le nouvel album de Lightning Bolt, le bien nommé « Sonic Citadel ». Il y a dans les titres de chaque morceau ce sens de l’humour totalement absurde et punk que l’on retrouve en de trop rares occasions. Jugez plutôt, Usa Is A Psycho, Van Halen 2049 et bien évidemment Hüsker Dön’t. La fureur de Brian Chippendale derrière sa batterie semble insatiable. Brian Gibson à la basse nous lance de brusque poussées de distorsions évoquant autant Shellac qu’Iron Maiden. C’est probablement le plus beau disque à écouter pour se réveiller une bonne fois pour toute.

( ♫) Lightning Bolt – Hüsker Dön’t

Mathieu

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