Il est 18h30. Les voitures klaxonnent sans fin et je remets mon casque sur les oreilles. Je marche en pleine obscurité. Il est évident que la bande son de ces derniers jours ne pouvait être que cette compilation de maxis de Burial. J’ai traversé Paris dans des bus de nuit et seule la musique de William Emmanuel Bevan m’a donné la force de rentrer chez moi à pieds. Ces compositions ont été écrites pour évoquer, avec mélancolie, le retour de rave au petit matin et je les écoute aujourd’hui pour traverser les routes en oubliant l’agitation de la ville.
Mais cette digression sur les errances urbaines sur fond de Dubstep me donne une bonne raison pour vous parler de « Tunes 2011 to 2019 », compilation qui rassemble l’ensemble des EPs sortis par Burial sur le label Hyperdub après le carton unanime de « Untrue ». Concentré sur le logiciel SoundForge, Burial joue avec ses éléments de style : des voix féminines éclairent des ambiances glaciales, des rythmiques sont concassées et des basses saturent doucement. Il compose aussi un ensemble de drones particulièrement hypnotisants comme ce State Forest, placé en ouverture nous amenant progressivement à l’introspection.
A ce jeu là, Burial donne l’impression de nous faire revivre en accéléré une vie nocturne et dresse le bilan d’une décennie. A peine le temps d’écouter Rival Dealer que ce titre se termine déjà par une plage ambiante où l’emphase demeure totale. Ca s’ouvrait sur un mix assez fou, entre rave effrénée et basse infrangible. Entre les deux, dix minutes et quarante-six secondes de fantômes perdus dans les machines qui resteront à jamais ancrés dans les moindres recoins de notre mémoire.
Mathieu