Dès le premières notes de Future Teenage Cave Artists – un riff de guitare acéré, une batterie à la fois ailleurs et totalement présente, le chant de la folie douce par Satomi Matsuzaki – j’essaie de me rappeler la dernière fois que j’ai vu Deerhoof en concert. Ils jouaient au Petit Bain et dans mes souvenirs c’était merveilleux. Ca devait être en 2014 ou en 2015 pour « La Isla Bonita ». Et la sortie en mars dernier, juste au début du confinement, d’un disque reprises des Voivod à la guitare acoustique par Greg Saunier m’a rappelé que j’avais injustement oublié d’écouter Deerhoof depuis quelques années.
Sur « Farewell » Symphony on entend toutes les facettes de ce groupe, que ce soit l’écriture pop, de celle où chaque ligne mélodique reste dans votre crâne toute le journée, l’énergie punk-rock, avec ce qu’il faut de riffs déglingués, et l’expérimentation noise, en particulier sur les percussions indéchiffrables de Greg Saunier. La basse et la chant de Satomi Matsuzaki demeurent imprévisibles dans leur fausse innocence. Avec le temps, ses inflexions m’évoquent parfois Laetitia Sadier, notamment quand certains collages sonores s’aventurent un temps là où Stereolab s’était arrêté. Il va sans dire que les télescopages de Deerhoof sont un bon moyen d’effacer les bruits de la ville.
Que l’on ne se trompe pas, ce nouvel album de Deerhoof c’est une fois de plus l’occasion d’applaudir leur écriture à la fois évidente et zigzagante, une musique qui prend des détours tout en donnant l’impression de foncer tout droit, d’être là tout en faisant un pas de côté. Un paradoxe en apportant un autre, « Future Teenage Cave Artists » est aussi un album engagé contre l’Amérique de Trump. Un militantisme qui s’affirme comme ça leur chante, tout simplement en jouant des chansons avec la ferveur de l’instant. Il nous fallait bien ça pour aujourd’hui.
( ♫) Deerhoof – « Farewell » Symphony
Mathieu