Le « The » a son importance pour ce dernier album en date de Sebadoh, sorti en 1999 et co-écrit par Lou Barlow et Jason Loewenstein. Ce n’est pas le meilleur disque qu’a sorti ce groupe – je lui préfère largement le triplé « III » / « Bubble & Scrape » / « Bakesale » – mais j’aime bien le réécouter, un peu par nostalgie et surtout parce que Sebadoh demeure pour moi le groupe de rock au son typique des années 90, celui qui savait composer des titres d’une rare efficacité avec des guitares abrasives, malgré ses airs un peu branleur et slacker.
Pour moi, ça va parfois encore plus loin que Pavement, qui est devenu depuis sa reformation, le groupe générationnel et cool qui symbolise les trentenaires un peu dépassés dont je fais partie, alors que Sebadoh demeure définitivement ancré dans les années 90 avec ses guitares saturées, ses basses qui fuzz et ses textes plutôt sensibles malgré les apparences … Car à force de refuser de jouer le control-freak, en faisant en sorte, dans un élan démocratique, que chaque membre compose et joue de chaque instrument, quitte à sonner lo-fi, Lou Barlow n’en demeure pas moins, dans un ultime paradoxe, le songwriter capable d’écrire certains des plus beaux titres de Sebadoh.
Alors oui, ce dernier album sent un peu la fin, mais je le préfère à « Harmacy » sorti trois ans plus tôt. Lou Barlow semble lessivé à la suite de son side-project avec Folk Implosion, alors comment fait-on pour revenir à quelques titres simples et efficaces ? On ressort la formule guitare/basse/batterie sur l’abrasif Weird, on écrit une ballade pop avec Love Is Stronger ou encore on enregistre Sorry, ce genre de titre un peu entrainant, un peu triste, qui sait plutôt bien jouer de son électricité. J’adore l’écouter car il fait partie, justement, de ce son typiquement 90’s qui fait toujours plaisir à entendre.
Jason Loewenstein est toujours en colère sur ce disque, on sent encore un fond de punk hardcore dans sa façon de jouer des riffs angulaires sur chacun de ses titres, mais il semble également bien fatigué par moment. D’ailleurs après ce disque, Lou Barlow s’est lancé dans une carrière solo plutôt folk et à reformer Dinosaur Jr tandis que Jason Loewenstein s’est un peu eclipsé. Alors du Sebadoh fatigué ça reste encore bon, surtout pour cet album où le « The » a son importance dans le titre …
( ♫ ) Sebadoh – Sorry
Par Mathieu
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