A la découverte du dernier album de Barn Owl, j’ai été frappé par la puissance de la pochette, des dunes dans le désert, une montagne, la nuit, il fait sombre, et on se sent happé par la peur du noir. Une sorte d’ambiance qui navigue entre psychédélisme et noirceur. Evan Caminiti et Jon Porras installent des atmosphères hypnotiques avec des compositions panoramiques, cinématographiques, on voyage beaucoup en écoutant « Lost In The Glare », on navigue parmi des phrases de guitare qui évoquent comme des chemins balisés au milieu d’une forêt, avant de partir vers de nouvelles explorations sonores, souvent portées par des notes d’orgues électroniques aux mélodies vaguement orientalisantes.
Pendant l’écoute, les images continuent de défiler dans notre tête, elles semblent se construire autour des arpèges de Pale Star, autour de l’orchestration de Devotion I et Devotion II pour se déployer complètement sur l’ensemble des compositions de « Lost In The Glare ». En peu de temps le flux des sonorités narcoleptiques nous déplace de l’environnement urbain dans lequel nous étions désespérément coincés vers quelque chose de plus naturel et de moins civilisé. Barn Owl me rappelle par moment les mélopée worlds de Master Musicians Of Bukkake ou encore le blues apocalyptique du dernier Earth, et j’aime écouté cette musique cosmique le soir, en train d’écrire ces quelques mots, là, plongé dans l’obscurité, à peine éclairé par l’écran de mon ordinateur.
( ♫ ) Barn Owl – Devotion I
Barn Owl, qui collabore en concert avec Stephen O’Malley de Sunn O))), retourne au source du drone-metal sur un seul morceau, The Darkest Night Since 1633. Ici les guitares ont l’incandescence de la lave en fusion et renouent avec l’aspect primal et puissant des premiers Earth ou de « Monoliths & Dimensions ». Quand j’écoute ça j’ai l’impression de basculer dans une forme de transe, je lève les yeux vers le ciel, je me retrouve comme dans un état second. Il y a une forme de recueillement qui émerge de ce mur du son hautement abrasif, en particulier quand les distorsions se font moins fortes, pour laisser la place à quelques notes de guitare vaguement réverbérées.
« Lost In The Glare » se termine alors sur les cinq minutes de Devotion II, véritable point d’orgue, un mouvement musical qui nous laisse aux portes de la perception et qui me donne surtout envie d’en rester là, de finir sur ce dernier mot …
( ♫ ) Barn Owl – Devotion II
Par Mathieu
C’était aussi chez Joseph Ghosn.
“Shadowland”, EP sorti en ce début d’année, m’avait un peu déçu. Je le trouvais trop répétitif à mon gout et avait la lourde tache de faire suite au monolithe céleste “Ancestral Star” (à la pochette superbe).
Et deuxième missive du duo cette année, “Lost In The Glare”. Bien que je ne l’ai que peu écouté, tout de suite on sent que Barn Owl nous propose un excellent nouveau voyage sonore.
Je trouve ton papier très juste et pertinent, résumant bien mes premières impressions.
Barn Owl redéfinit le psychédélisme de l’ère numérique actuelle en proposant un Néo Psychédélisme mâtiné de Drone et d’Ambiant (Folk). Un peu comme les 2 références citées (Earth et Master Musicians Of Bukkake) mais surtout Psychic Ills, Stag Hare (le très tellurique “Spirit Canoes” 2011), Wet Hair, Wooden Shjips, Moon Duo…Bien sur, chacun de ces groupes nommés le fait à sa sauce, différemment.
A + +
J’avais bien aimé Shadowland aussi, qui avait un côté très hypnotique aussi : http://randomsongs.org/2011/07/barn-owl-%E2%80%93-shadowland/