On plaque un accord, puis un deuxième, sur les cordes de la vieille guitare acoustique. La voix est lointaine, presque fantomatique. Dehors, le vent souffle dans les arbres, il fait nuit, on joue dans la pénombre. Ici, dans la maison, tout est calme et paisible, on est à l’abris, même s’il fait un peu froid dans la pièce, mais c’est mieux que dans la plaine obscure. L’intérieur est simple, quelques meubles, une table, une machine à écrire, une guitare et de quoi sommairement enregistrer. C’est calme, on se sent presque détaché, il y a comme un nouveau rapport au temps, loin des bribes du monde déchiqueté que l’on a déjà désertés depuis longtemps …
On plaque un accord, puis un deuxième, sur les cordes de la vieille guitare acoustique. Le micro pour enregistrer sur le quatre pistes à cassette est sommaire, il suffit de s’en approcher un peu trop près pour tout faire saturer. Il y a du désordre dans la pièce, les vêtements sont étalés sur le lit, mélangés avec quelques cables XLR. On se lève, on rejette ses cheveux mi longs en arrière, on réajuste ses lunettes, on réajuste sa chemise à carreau, puis on joue à s’en faire saigner les doigts sur cette vieille guitare, celle qui se désaccorde à chaque fois, tout ça parce qu’on a acheté la moins chère. Il y a ce moment distordu où l’on cherche à faire autant de bruit qu’un album expérimental de Sonic Youth. Puis ça repart comme au début en guise de conclusion. Le titre ne dépassera pas une minute et vingt-quatre secondes.
On plaque un accord, puis un deuxième, sur les cordes de la vieille guitare acoustique. On joue aussi de l’harmonica, on martelle la rythmique en tapant du pied sur le sol, assis là sur le vieux tabouret situé sous le porche en bois. Ca parle d’une sale histoire de meurtre dans un bar. Deux amis ont trop bu, les esprits s’emportent, trop de politique, l’un attrape le chapeau de l’autre, un coup de feu part, le sang de l’un se répand doucement sur le sol pendant que l’autre repart tranquillement avant de se faire arrêter. D’autres folk-songs viendront, sur la même histoire, sur les mineurs, sur les voyages en train, sur cette fille qui t’a foutu à la porte. Il sera alors temps de remonter jusqu’à New York pour enregistrer tout ça. Combien faudra-t-il faire de petit boulot pour pouvoir se payer un voyage jusqu’à la Grande Pomme …
( ♫ ) Frank Hutchison – Stackalee
Par Mathieu
Grouper. J’ai adoré son dyptique “A I A” : “Alien Observer” et “Dream Loss” sorti l’an passé (avec une préférence pour “Alien Observer”). Entre Ambiant onirique, Dream Pop, Slow Psyché et drones célestes, cette musique cosmique et sa voix élégiaque et éthérée m’ont totalement envoûtés !! Idéal pour des écoutes nocturnes, le casques sur les oreilles. 100 % “douces rêveries” assurées, testé et approuvé !!!
Oui, “A I A” était vraiment bien dans le genre ambiant. Elle tourne en ce moment, elle passera à Paris ce vendredi.