Deux forces en présence qui s’annulent mutuellement.

Scott Walker se tient sur le devant de la scène, il cache ses yeux derrière d’immenses lunettes de soleil et il porte une casquette noire. Il est au pied d’une gigantesque pyramide d’amplis de marque Ampeg, Orange et Sunn. Stephen O’Malley et Greg Anderson sont un peu en retrait, ils ont posé leurs robes de bure, ils laissent résonner leurs guitares pendant que l’on entend le bruit d’un fouet.

On s’attendait à la musique de l’Apocalypse mais finalement non, et puis de toute façon il y a sûrement des chances pour que nos vies soient les mêmes après la fin des temps …

Bull. Une moitié pour chacun. Le début pour la déconstruction et la voix d’outre-tombe, pour la rythmique atonale et les bruits étranges, pour le moog et l’impression d’entendre un animal qu’on égorge. La fin pour les longs bourdonnements des guitares qui oscillent pendant quelques précieuses minutes. Il y a deux notes de basse, répétées inlassablement, comme pour nous plonger encore plus dans l’hypnose et l’extase, même si, il faut bien le dire, tout ça n’est pas très aimable et fait un peu peur.

J’avoue qu’il n’y a que ce titre coincé en troisième position sur le CD et en deuxième position en vinyle qui me passionne vraiment. Je me suis cogné contre le mur pour le reste. Je me retrouve sans trop savoir qu’en penser, pas aussi fort que « Bish Bosch », pas aussi majestueux que « Monoliths & Dimensions ».

Je réécoute tout ça. Je cherche pendant des heures. Je travaille mes idées. Je trouve une formule. J’imagine ce qu’il faudrait résumer, expliquer, détailler, creuser ; mais non, je ne vois pas. A quoi bon vouloir s’acharner à expliquer une musique aussi brute et intransigeante. Elle est d’une rare beauté mais elle me laisse comme une vague impression d’un rendez-vous manqué.

Deux forces en présence qui s’annulent mutuellement.

( ♫) Scott Walker & Sunn O))) – Bull

Mathieu