2008, il est 22h30 et nous sommes un jeudi soir. Tout le monde dort dans l’appartement. Je profite de ce court moment de calme pour mettre mon casque sur les oreilles. J’allume l’ordinateur et je me réfugie dans l’atmosphère cotonneuse de Bass Crawl, un titre de Jeff Martin, alias Idaho, réédité pour l’occasion par le label Talitres sur un double album qui rassemble « Alas » et « The Forbidden EP ». Après plusieurs écoutes, je finis par m’immerger dans cette musique. J’ai l’impression de devenir l’un des éléments de la ligne de basse, une note que l’on vient de jouer, un effet de réverbération que l’on vient d’activer. J’oublie un temps tous les tracas de la journée et ça me va bien.
2019, les dernières semaines étaient bien chargées. Le les ai traversées en écoutant le dernier album de Matt Sweet, alias Boduf Songs. Je ne sais pas comment je fais, mais je dois être l’une des rares personnes à pouvoir me détendre avec les compositions folks, introspectives et hantées que l’anglais compose inlassablement dans sa campagne de Southampton. Les arpèges de guitare, les lignes de basses apaisantes, intenses, augmentés par une boite à rythmes minimaliste que l’on peut entendre sur Unseen Forces And How to Use Them sont un refuge pour qui, une fois la nuit tombée, a besoin d’une bulle de calme. Il me fallait bien ça, ne serait-ce que pour finir d’écrire cette phrase.
Sword Weather, c’est de la musique qui commence sur presque rien, juste un sample, un peu de guitare et Mat Sweet qui chuchote devant son micro. Le morceau décolle progressivement avant qu’une batterie calme n’intervienne vers 3 minutes et 50 secondes. L’écriture devient plus cinématographique. Elle plante le décor d’une séquence nocturne qui vous sort de vos réflexions personnelles. Un effort de narration qui nous touche et nous touchera à chaque fois que l’on réécoutera ce disque, le bien nommé « Abyss Versions ». Il y a là de quoi raviver quelques vieux souvenirs à jamais gravés dans nos mémoires.
( ♫) Boduf Songs – Sword Weather
Mathieu