Il y a chez Jeff Martin un détail dans ces compositions, presque une signature, que j’aime retrouver de disque en disque, il y a ce petit feedback lointain qui sonne comme une forme d’écho fugace, une réminiscence de tension urbaine et de stress contemporain qui s’évanoui dans la nature et qui réapparait parfois de façon totalement spontanée. Je pense que c’est depuis « Alas » que l’on entend ça, comme si l’énergie abrasive des guitares d’antan avait laissé la place à ce lointain feedback qui venait confronter ces mélodies introspectives à des souvenirs douloureux que l’on finit par accepter avec le temps, comme de vieux vêtements que l’on a plus honte de porter.
En écoutant « You Were A Dick » je me suis demandé comment Jeff Martin s’était attelé à ce nouvel album ? Sûrement en laissant du temps à toutes ces compositions, on sent que chez lui le songwriting n’est pas sur commande, qu’il faut travailler la matière pour en sortir quelque chose de précieux. A-t-il ressorti sa guitare à quatre cordes sur certains titres plus électrique comme Impaler ou encore The Space Between ? C’est une question qui me tarode quand j’écoute un disque d’Idaho, sur quel morceau y a-t-il cette fameuse guitare à quatre cordes ? J’ai une vieille guitare folk sur laquelle j’ai enlevé deux cordes, j’ai essayé dessus des accordages ouverts, c’est amusant mais j’ai l’impression que cela n’a rien à voir avec le modèle de Jeff Martin …
Je me souviens l’avoir vu en concert il y a quelques années, ça devait être en 2004 au Point Ephémère, ça commence à faire longtemps, autant de temps pour sortir un « The Lone Gunman » en 2005 et six ans plus tard « You Were A Dick ». Lors de ce concert il jouait surtout du piano, accompagné du fidèle John Berry à la guitare plus quelques ambiances sonores, avec une projection vidéo (qui plantait un peu parfois, c’est dommage) qui rendait cette prestation assez froide par moment … Il y a toujours de longue plage touchante au piano dans ce disque, mais aussi pas mal de guitare acoustique, ça vire folk sur quelques titres ce qui n’est pas peut être pas la meilleure idée de Jeff Martin, et si l’inaugural You Were A Dick fonctionne à merveille, j’accroche un peu moins sur un Structure.
Je ne sais pas comment j’ai pu trouver la force d’écrire tout ça l’autre soir, peut être ce long trajet en train. Fatigué, j’ai naturellement sélectionné « You Were A Dick » sur mon IPod. Les mélodies épurées de Jeff Martin sont passées toutes seules, comme une envie d’écouter en boucle ces phrases de piano, les cordes pincées de la guitare, ou encore ces lointains feedbacks électriques que l’on entend, encore et encore sur chaque morceau. Finalement on est bien à écouter Jeff Martin.
( ♫ ) Idaho – The Space Between
Par Mathieu
Hello.
C’est marrant comment, lors de certains moments, on a envie de revenir à certains de “nos classiques à nous”, comme pour des voyages en train par exemple. je le sais très bien car pendant 1 an et demi, pour ma formation, j’ai fait le voyage Bourg en Bresse – Paris (2 h),j’y ai redécouvert moulte albums de ma discothèque……………………Et des nouveautés aussi !!!!
Je ne connais pas trop IDAHO. Ces temps-ci, je suis en plein trip Loop, Spacemen 3 (j’ai du mal à décrocher), certains vieux disques krautrock croisés folk psyché comme “SAAT” de Emtidi (mon dernier post), et des oeuvres plus tordues comme Mark McGuires, The Velvet (toujours et encore…………………ETC
Oui un trajet en train est devenu paradoxalement l’un des derniers instants où nous pouvons rester concentrés à écouter un disque (et en (re)découvrir d’autres)
Quelle joie de rentrer du boulot et de trouver dans sa boîte à lettre le tant attendu “You Were A Dick” six ans quand même! Il en aura fallu du temps depuis “The Lone Gunman” à l’ami Jeff pour nous sortir un nouvel album, mais bon en même temps comme à son habitude Martin a prit le temps de peaufiner sa dernière galette et il a bien fait. Bien qu’en ce qui me concerne je connaissais certains titres depuis quelques temps (“Up The Hill” qui faisait partie de la bande son du film “Art & Copy” ainsi qu'”A Million Reasons” qui était à l’origine une b-side instrumentale nommée “Drinks at 8” de TLG) hormis “Reminder” et “What Was That?”, IDAHO frise encore la perfection avec un album finalement assez éclectique, ce n’est que mon opinion, mais on dirait que sur ce disque, Jeff pioche de ci et de là les recettes des bons morceaux des albums précédents avec “The Space Between” et “The Setting Sun” qui ne sont pas sans rappeler la période “Three Sheets To The Wind”, ou “Structure” que vous citez dans votre article et qui n’aurait pas dépareillée sur “Levitate”, “You Were A Dick” et “Impaler” étant quant à elles dans la lignée d'”Alas”, le reste restant dans l’influence de “The Lone Gunman”, bien qu’étant un nouvel album et non pas une compilation ce dernier disque de Jeff Martin est un véritable éventail de ce qu’est la musique d’IDAHO. Mention spéciale à “Waited For You” la première des 5 chansons bonus présente sur la version de la boutique de Talitres.
Effectivement, on sent bien à l’écoute de You Were A Dick que Jeff Martin va puiser dans l’écriture de ses précédents albums.
Super artiste, super disque, bientôt en entretien (fleuve donc) sur http://www.parlhot.com
A bon entendeur, rendez-vous !
Sylvain
Je viens de lire l’entretien, très classe et très personnel !
Ah cool !
Bonne journée Mathieu.
Sylvain